Trois hommes en garde à vue pour avoir projeté un attentat contre une base militaire

Un mineur de 17 ans, un jeune majeur de 19 ans et un ancien matelot réformé de la marine française de 23 ans… Le profil et l’âge des trois individus placés en garde à vue, lundi 13 juillet, pour avoir projeté une attaque terroriste contre une base militaire française a de quoi interpeller. C’est le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, qui a annoncé mercredi soir à la presse ce coup de filet de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Ces trois individus – interpellés dans les Bouches-du-Rhône, le Rhône et les Yvelines – auraient reconnu leurs intentions durant leur garde à vue, qui peut se poursuivre jusqu’à vendredi matin. Certains en ont même précisé la nature : filmer, à l’aide d’une caméra GoPro, la décapitation d’un gradé d’une base militaire du sud de la France. Ils ont en revanche affirmé qu’un mineur de 16 ans, également interpellé lundi, avait été écarté du projet en raison de son jeune âge. Sa garde à vue a été levée mercredi soir.

Cette attaque – encore à l’état de projet – était programmée entre décembre 2015 et janvier 2016, une période jugée propice parce que le nombre de militaires armés serait moins élevé à ce moment de l’année, et pour se laisser le temps de préparer leur action, ont-ils expliqué aux enquêteurs de la DGSI, seul service saisi de l’enquête. Leurs déclarations, qui ont fluctué depuis lundi, sont susceptibles d’évoluer jusqu’à la fin de leur garde à vue.

L’un des principaux « instigateurs » de ce projet, le mineur de 17 ans, avait été repéré fin 2014 pour son « activisme sur les réseaux sociaux » et ses « velléités de départ » en Syrie, dans le cadre du dispositif mis en place par le gouvernement pour prévenir les filières djihadistes, a précisé le ministre. Il avait fait l’objet d’un entretien administratif par la DGSI en octobre 2014 et était, selon une source proche du dossier, en relation avec un autre jeune parti en Syrie et placé sous contrôle judiciaire à son retour.

Sa surveillance a ensuite permis d’identifier les trois individus avec qui il était en relation et d’entrevoir leur dessein. Selon les informations du Monde, ce jeune candidat au djihad de 17 ans voulait passer à l’acte, mais c’est l’ancien militaire qui aurait apporté des idées précises, en proposant de cibler le site de Port-Vendres (Pyrénées-Orientales), où se trouve un sémaphore de la marine nationale, et le Centre national d’entraînement commando de l’armée de terre (CNEC) de Collioure, tout proche. Le troisième gardé à vue, âgé de 19 ans, avait lui aussi été repéré pour ses liens avec la mouvance radicale.

Selon une source proche du dossier, un renseignement « étranger » aurait contribué à attirer l’attention des services français sur les intentions du petit groupe. L’analyse des ordinateurs et téléphones portables des gardés à vue devrait permettre de déterminer si leur projet était coordonné avec des interlocuteurs en Syrie, avec lesquels les enquêteurs ont établi qu’ils avaient noué des contacts.

La précision de leurs conversations sur des forums cryptés a en tout cas conduit la DGSI, après plusieurs mois de surveillance, à demander le 23 juin au parquet de Paris l’ouverture d’une enquête préliminaire pour association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme. Une enquête éclair qui aura duré moins de trois semaines. Selon une source proche du dossier, c’est la nature de leur cible et « l’imminence de la fête nationale », le 14 juillet, qui a « précipité leur interpellation » et ce « même si le projet pouvait paraître lointain ».

L’annonce à la presse de cette affaire flatteuse pour la DGSI a elle aussi été quelque peu précipitée, au grand dam des services d’enquête. Sans attendre leur éventuelle présentation devant un juge antiterroriste, prévue au plus tard vendredi, le président de la République, François Hollande, a révélé mercredi en fin de journée en marge d’un déplacement à Marseille que des « actes terroristes » avaient été « prévenus » cette semaine.

Cette fuite présidentielle a quelque peu bouleversé le plan de communication de la Place Beauvau, qui avait initialement prévu d’évoquer ce coup de filet jeudi après-midi. Face à l’effervescence provoquée dans les médias par la phrase sibylline du chef de l’Etat, Bernard Cazeneuve a finalement été contraint d’avancer dans la précipitation sa prise de parole à mercredi soir, sur le coup de 21 h 30.

Crédit photos : Source. Le Monde.fr Auteur : Soren Seelow Date : 15/07/2015

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