Terrorisme : "cinq attentats" déjoués en France ces derniers mois selon Valls

Manuel Valls, évoquant une menace "qui n’a jamais été aussi importante" en France, a précisé que 1.573 Français ou résidents en France étaient recensés pour leur implication dans des filières terroristes.

Le Premier ministre Manuel Valls a affirmé jeudi 23 avril sur France Inter que "cinq attentats" avaient été déjoués en France ces derniers mois.

Combien d’attentats ont été déjoués depuis ceux du mois de janvier ? "De nombreux attentats ont déjà été déjoués, cinq, compte tenu de l’attentat qui n’a pas eu lieu heureusement à Villejuif il y a sans doute quelques jours", a répondu le chef du gouvernement.

"La menace n’a jamais été aussi importante, nous n’avons jamais eu à faire face à ce type de terrorisme dans notre histoire", a-t-il soutenu, à grand renfort de chiffres : "1.573 Français ou résidents en France sont recensés pour leur implication dans ces filières terroristes."

"442 se trouvent sans doute actuellement en Syrie, 97 y sont morts. La plateforme d’appel permettant aux citoyens de signaliser des cas de radicalisation a enregistré déjà plus de 2.600 signalements, 630 ont été jugés très sérieux et examinés par des services spécialisés", a listé le locataire de Matignon.

"Je veux rappeler que 7 Français sont morts en action suicide en Syrie ou en Irak", a aussi dit Manuel Valls.

Depuis 2012, "la menace n’a fait que croître. On considère que de 3.000 à 5.000 Européens sont sur place, et qu’à la fin de l’année, ce chiffre pourrait atteindre 10.000, cela veut dire que pas seulement la France est directement menacée, d’autres pays le sont", a-t-il mis en garde, évoquant un "projet d’attentat à Barcelone démantelé" récemment.

Attentat déjoué dimanche contre des églises

Dimanche, un attentat "imminent" contre "une ou deux églises" a été évité en arrêtant de manière fortuite un homme par ailleurs soupçonné d’être impliqué dans le meurtre encore mystérieux d’une jeune femme en banlieue parisienne, a-t-on appris mercredi 23 mars de Manuel Valls et Bernard Cazeneuve.

Sid Ahmed Ghlam, Franco-Algérien, étudiant en informatique de 24 ans, a été placé en garde à vue. Il est connu des services de renseignement pour ses "velléités de départ en Syrie" pour y rejoindre les rangs jihadistes, a déclaré le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.

"Une documentation fournie a également été découverte établissant sans ambiguïté que l’individu projetait la commission imminente d’un attentat vraisemblablement contre une ou deux églises. Dimanche matin, cet attentat a été évité", a assuré le ministre, plus de trois mois après les attentats de Paris.

Un correspondant en Syrie

Des documents liés à al Qaïda et à l’Etat islamique retrouvés chez le suspect, selon le procureur de Paris François Molins. L’analyse du matériel informatique saisi a permis d’établir que le suspect, Sid Ahmed Ghlam, "était en contact avec une autre personne pouvant se trouver en Syrie avec laquelle il échangeait sur les modalités de commission d’un attentat, ce dernier lui demandant explicitement de cibler particulièrement une église", a expliqué le procureur.

Les perquisitions au domicile parisien de cet étudiant en électronique ont permis de retrouver, outre de l’armement et du matériel de vidéo, des "documents en langue arabe évoquant les organisations terroristes Al-Qaïda et Etat islamique", a poursuivi François Molins.

Dans son véhicule et à son domicile, la police a découvert un "arsenal composé notamment de plusieurs armes de guerre, d’armes de poing, de munitions, de gilets pare-balle et de matériel informatique et de téléphonie", a-t-il ajouté.

En garde à vue, Sid Ahmed Ghlam, qui, blessé à une cuisse, a appelé les secours dimanche dimanche avant d’être arrêté, a fait des déclarations "fantaisistes" avant de s’enfermer dans le mutisme, a détaillé le procureur.

Il a expliqué s’être blessé seul en voulant se débarrasser de ses armes dans la Seine. Sa garde à vue pourrait être porté à six jours, une durée dérogatoire prévue notamment en cas de risque d’action terroriste imminente.

Arrestation rocambolesque

L’arrestation s’est faite dans des circonstances rocambolesques, un peu par hasard. Selon des sources policières, le jeune homme appelle dimanche peu après 08H00 la police, se disant blessé. Il a en effet reçu une balle dans une jambe, et évoque alors, confusément, un règlement de comptes. Les enquêteurs n’excluent pas qu’il se soit blessé lui-même.

Ils remontent les traces de sang et arrivent à son véhicule, où ils découvrent une partie de l’arsenal. Suit une perquisition à son domicile, dans le XIIIe arrondissement de Paris, où la documentation le mettant en cause est trouvée dans son ordinateur.

Plusieurs perquisitions et interpellations ont depuis été réalisées dans son entourage et sa famille, dont certains membres sont acquis à la cause de l’islam radical, selon des sources policières.

Lundi, une ou deux perquisitions ont notamment eu lieu à Saint-Dizier (Haute-Marne), dans le quartier sensible du Vert-Bois, en lien avec cette affaire, selon une source policière. L’homme venait y passer des week-end en famille.

Mercredi matin, les policiers de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) ont bouclé le quartier et arrêté une femme habillée d’une burqa, a constaté un correspondant de l’AFP. Selon des voisins, elle louait un petit pavillon, où elle résidait depuis six, sept mois avec deux enfants en bas âge, les volets toujours fermés. Les policiers ont ouvert la porte du garage à l’aide d’explosifs ou de coups de feu.

Cette enquête antiterroriste, dirigée par le parquet de Paris, a été confiée à la brigade criminelle de la PJ parisienne et la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Trois impacts de balles

Durant leurs investigations, les enquêteurs font par ailleurs une découverte troublante : l’ADN de l’étudiant arrêté est aussi retrouvé dans la voiture d’Aurélie Châtelain, une femme de 32 ans du Nord retrouvée morte dimanche matin à Villejuif.

Or, c’est dans cette même ville du Val-de-Marne, en banlieue sud de Paris, qu’une ou deux églises étaient visées par le jeune homme, selon une source policière.

Le corps d’Aurélie Châtelain, présentant trois impacts de balles, a été retrouvé dans sa voiture en flammes stationnée dans une rue peu passante. La jeune danseuse était arrivée samedi depuis sa ville de Caudry, près de Valenciennes, pour suivre un stage de pilates, une méthode douce de gymnastique.

Son meurtre reste mystérieux, sans aucun témoin. Seule une riveraine a expliqué dimanche à l’AFP avoir entendu "comme un coup de pétard" "vers 08H00".

Selon Bernard Cazeneuve, les investigations ont permis d’établir la présence de l’homme arrêté pour terrorisme à Villejuif, "puis son implication dans le meurtre" d’Aurélie Châtelain. "L’enquête déterminera les raisons du crime commis contre cette jeune femme", a estimé le ministre.

challenges.fr avec AFP - le 23.04.2015


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