L’armée algérienne cherche le corps d’Hervé Gourdel

Cinq jours après la décapitation d’Hervé Gourdel, l’armée algérienne continue ses opérations de ratissage dans le massif montagneux du Djurdjura, en Kabylie, pour retrouver le corps du randonneur français et localiser ses assassins, appartenant au groupe djihadiste Djound Al-Khilafa (« Soldats du califat »), qui a récemment fait allégeance au groupe djihadiste de l’Etat islamique (EI).

Entre 2 000 et 3 000 hommes sont toujours déployés pour ratisser la zone et surveiller les accès au massif du Djurdjura. Les autorités ne communiquent pas sur la conduite des opérations, dirigées par des « hauts gradés ». Des sources sécuritaires non identifiées citées par les médias soulignent la difficulté de retrouver le corps du ressortissant français dans une région montagneuse où les caches possibles sont très nombreuses.

CONTRÔLE JUDICIAIRE

Les cinq accompagnateurs algériens d’Hervé Gourdel, tous des amateurs de montagne, gardés à vue par la gendarmerie pendant près d’une semaine, ont été libérés par le juge d’instruction, qui les a placés sous contrôle judiciaire pour non-déclaration aux services de sécurité de la présence d’un ressortissant étranger. La réglementation algérienne impose à toute personne hébergeant un étranger de le déclarer à la police, à la gendarmerie ou, à défaut, à la mairie.

Leur libération met fin aux spéculations sur une éventuelle complicité avec les ravisseurs. Interrogé dimanche par l’AFP, l’un d’entre eux, un étudiant de 21 ans, a indiqué qu’ils ont été retenus quatorze heures par les membres des Soldats du califat avant d’être libérés.

Le journal arabophone Al-Ahdath, le premier à avoir révélé l’enlèvement d’Hervé Gourdel, donne une version détaillée des faits survenus le 21 septembre. Selon une « source informée proche du juge d’instruction », le groupe d’amis est tombé, aux alentours de 19 h 30, sur un faux barrage dressé par des djihadistes à la sortie du village d’Ait Ouabane alors qu’il revenait à Tikjda, leur lieu d’hébergement, après une randonnée.
Des camions de l’armée algérienne, dans la région de Tizi Ousou, le 23 septembre.

FAUX BARRAGES

Les trois hommes armés les auraient arrêtés, questionnés sur les raisons de leur présence avant de les laisser repartir. « Quelques secondes après le départ de la voiture, l’un des terroristes a informé l’émir Gouri Abdelmalek, qui n’était pas loin, qu’ils avaient arrêté une voiture dans laquelle se trouvaient des Algériens et un Français, et qu’ils les avaient relâchés. Gouri, suivi des autres terroristes, s’est mis à courir derrière le véhicule, alertant ainsi d’autres terroristes, qui avaient établi un second faux barrage 200 mètres plus loin. C’est là que Gourdel et ses compagnons ont été arrêtés », rapporte Al-Ahdath.

Selon la même source, qui cite les déclarations des accompagnateurs d’Hervé Gourdel aux enquêteurs algériens, c’est Abdelmalek Gouri – chef des Soldats du califat – en personne qui aurait fait descendre le Français de voiture. Les ravisseurs se seraient ensuite scindés en deux groupes. Le premier, sous la direction de Gouri Abdelmalek, aurait emmené l’otage en direction du massif des Ouacifs, ne revenant qu’une heure plus tard, sans Hervé Gourdel. Trois autres djihadistes seraient restés sur place pour surveiller les cinq Algériens.

Selon la source d’Al-Ahdath, ils ont ordonné aux accompagnateurs de ne pas bouger avant lundi matin, leur indiquant qu’ils les surveillaient de loin. Ces derniers ont obtempéré et n’ont pas bougé avant 5 heures du matin pour se rendre à la caserne qui se trouve près du complexe touristique de Tikjda, où ils ont donné l’alerte.

lemonde.fr - le 1.10.2014


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