Attentat évité à Villejuif : le suspect communiquait par messages cryptés

Cryptage, codes grille de chiffrement... Sid Ahmed Ghlam s’était entouré d’un maximum de précautions pour communiquer avec ses complices, que les enquêteurs cherchent toujours à identifier. Le jeune étudiant féru d’informatique était en contact depuis plusieurs semaines avec au moins deux interlocuteurs probablement basés en Syrie.

Il pourrait s’agir de Français partis faire le jihad.

Le projet d’attentat semble, ainsi, avoir été orchestré et financé depuis la Syrie d’où Ghlam a reçu l’ordre de « cibler une église » dans une série de SMS, échanges Skype ou, récemment, des mails cryptés. Au cours de la semaine précédant le jour prévu de l’attaque, l’un d’eux avait suggéré au futur terroriste présumé de ne pas utiliser sa voiture et de trouver un moyen d’en dénicher une autre. Il cherchait sans doute à s’emparer de celle d’Aurélie Châtelain, une Renault Mégane similaire à la sienne, dimanche matin à Villejuif, quand la jeune femme a été tuée avec l’une des armes en sa possession. Un arsenal là encore vraisemblablement payé depuis la Syrie à son fournisseur. Ce dernier n’a toujours pas été identifié. La voiture, stationnée à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), qui recelait les armes retrouvées chez le suspect a, elle, été localisée. Elle avait été volée dans une commune avoisinante il y a plusieurs semaines.

Les enquêteurs s’attellent donc depuis dimanche à un long et fastidieux travail de décryptage des données informatiques du suspect. « Une clé USB saisie dans sa chambre d’étudiant contenait un tutoriel sur l’utilisation de logiciels de chiffrement de données, révèle une source proche de l’affaire. Cet outil lui permettait de crypter des numéros de téléphones portables comme des adresses mail. » Plusieurs documents trouvés sur son ordinateur seraient extraits de manuels liés à la cybersécurité. « Il y est question de la manière la plus efficace de se protéger contre la captation de données informatiques. »

Ses donneurs d’ordre ne lui avaient pas laissé le choix

Les échanges de Ghlam avec ses commanditaires pouvaient aussi passer par Dropbox, un service de stockage de fichiers sécurisé, accessible sur mot de passe, et sur lequel Sid Ahmed Ghlam et ses mystérieux donneurs d’ordre se laissaient, à tour de rôle, des messages. Par ailleurs, les enquêteurs ont mis la main sur une grille de chiffrement au domicile de son amie, Emilie, à Saint-Dizier (Haute-Marne). « Il s’agit d’un document manuscrit qui s’apparente à un tableau comportant trois lignes horizontales, poursuit la même source. On peut lire sur la première ligne les lettres de l’alphabet. Sur la deuxième, des mots clés de huit lettres, sans répétition d’une même lettre. La troisième ligne, elle, comporte des chiffres allant de 9 à 0. Cette grille permet de crypter numéros de téléphone, noms, adresses... »

Pour autant, à la veille de concrétiser son projet terroriste, Sid Ahmed Ghlam avait fait part de ses réticences, estimant ne pas se sentir prêt à passer à l’acte. En réponse, ses donneurs d’ordre ne lui avaient pas laissé le choix.

Les nombreuses empreintes génétiques relevées sur les armes et au domicile de Ghlam, en cours d’expertise, pourraient aider les enquêteurs à remonter la piste de complices de Ghlam. Les enquêteurs tentent enfin de reconstituer précisément son parcours entre les mois de juin 2013 et septembre 2014, période au cours de laquelle il n’était plus scolarisé. Ils ont, en revanche, déterminé que Ghlam était parti pour Istanbul, en Turquie, en 2014, via Alger, évitant ainsi d’attirer l’attention des services de renseignement.

Source : leparisien.fr
Auteur : Adrien Cadorel et St.S.
Date : 24 avril 2015


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