Immeuble soufflé à Rosny : Faut-il avoir peur du gaz ?

L’effondrement de l’immeuble à Rosny a pu être provoqué par une explosion liée au gaz…

A Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), l’effondrement d’un immeuble d’habitation de quatre étages dimanche a provoqué la mort de huit personnes. Les premiers éléments de l’enquête semblent privilégier une explosion accidentelle liée au gaz. Utilisé en France par près de 11 millions de personnes, le gaz naturel est pour ses utilisateurs une potentielle source de danger. Faut-il pour autant en avoir peur ?

« Le gaz est un risque qu’il faut maîtriser », explique Stéphane Gicquel, secrétaire de la Fenvac (Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs), qui se portera partie civile dans le drame de Rosny-sous-Bois. « La vigilance des utilisateurs ne doit jamais faiblir. » Les accidents liés au gaz, fuites ou explosions, peuvent relever de comportements imprudents, ou de la vétusté des installations. « C’est une première cause d’accidents. Il peut s’agir par exemple d’un branchement mal fait à l’intérieur de son domicile, ou d’un problème de maintenance. Ces quinze dernières années, il y a eu un renforcement de la sécurité dans ces domaines », reconnaît-il

Certificat de conformité

Pour prévenir tout accident, mieux vaut respecter les normes de sécurité. Lors d’une nouvelle installation de gaz à l’intérieur d’un logement ou lors de travaux de rénovation, les particuliers doivent s’assurer de la remise d’un certificat de conformité. « C’est une obligation relatée par l’arrêté ministériel du 2 août 1977 », indique Christelle Mompelat, responsable de la communication chez Qualigaz, agréé pour ce type de contrôle.

« Les gens ne sont pas toujours au courant mais une minorité d’installateurs décident de passer outre. Aucune communication n’est d’ailleurs faite par les assurances. Sans ce certificat, il y a pourtant un fort risque de non prise en charge des dégâts en cas d’accident », développe-t-elle. Dans le cas d’immeubles collectifs, c’est au bailleur de s’assurer de la conformité des installations.

Fuite de gaz sur une canalisation

« L’autre cause d’accident possible est l’explosion, provoquée par une fuite de gaz sur une canalisation. C’est la cause la plus meurtrière », avance Stéphane Gicquel. « C’est ce qui s’est passé à Noisy-le-Sec et à Bondy en 2007, à Lyon en 2008, et probablement à Rosny dimanche ». Dans les trois premiers cas, la fuite de gaz a été provoquée à l’occasion de travaux publics. Le secrétaire de la Fenvac rappelle qu’il y a « entre 4.500 et 5.500 endommagements de canalisation par an dans le cadre de travaux de voirie en France », précisant que la plupart sont signalées.

Différentes raisons peuvent expliquer une détérioration des conduits : « La cartographie incertaine des sous-sols, un personnel mal formé ou qui utilise le mauvais matériel pour gagner du temps lors d’un remplacement de canalisation », énumère Stéphane Gicquel. Dans l’accident de Bondy, qui avait fait un mort, une tractopelle avait par exemple ébréché une conduite de gaz.

« Les fuites ne sont pas toujours visibles. Le gaz peut alors progresser et se concentrer en sous-sol. La quantité accumulée fait que la moindre étincelle déclenche une explosion. C’est ce qui entraîne l’effondrement des immeubles, comme à Mulhouse en 2004 et à Dijon en 1999 ».

Contacté par 20 Minutes, GRDF assure que « la sécurité est une priorité du groupe, qui investit jusqu’à 300 millions d’euros par an dans la sécurité », sans souhaiter donner plus de précisions. Face au danger, la meilleure défense reste notre odorat. « Le premier élément de sécurité est l’odorisation du gaz », rappelle Stéphane Gicquel. En cas de doute donc, prévenir au plus vite les services de sécurité.

Thibaut Le Gal - 20minutes.fr - 01.09.2014

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