Les autorités françaises ont confirmé la mort de quatre Français dans la catastrophe de Gênes. Il s’agit d’un groupe de jeunes fêtards, la plupart originaires d’Occitanie, passionnés de musique techno.
Il y avait Mélissa Artus-Bastit et Nathan Gusman, les deux amoureux. Axelle Place, la seule de la bande à détenir le permis de conduire. Et puis William Pouzadoux, l’ami aux dreadlocks. Ces quatre jeunes Français sont inscrits sur la liste des 39 victimes dénombrées, pour l’instant, par les autorités italiennes dans l’effondrement du pont de Gênes mardi matin. Dans des communiqués succincts, le quai d’Orsay a confirmé ce mercredi « avec tristesse » la mort de quatre ressortissants français, précisant être en contact avec leurs homologues italiens pour déterminer si le bilan ne sera plus lourd. Car les secours progressent secteur par secteur et des véhicules pourraient encore se trouver écrasés sous des blocs de béton.
Dès mardi soir, les ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur avaient eu connaissance de la présence de deux véhicules immatriculés en France dans les décombres : un poids lourd de la société de déménagement Alba, avec à son bord deux chauffeurs roumains dont l’un est porté disparu, et une voiture appartenant à un homme domicilié à Lautrec (Tarn). Il s’agit du père d’une des victimes françaises, Axelle Place, à qui il a prêté son véhicule. À l’intérieur, les pompiers italiens ont découvert les corps des quatre jeunes amis ainsi que trois cartes d’identité françaises.
Symptôme de notre époque ultra-connectée, il suffit de naviguer de pages Facebook en pages Facebook pour reconstituer les derniers jours de la bande. Domiciliés à Toulouse (Haute-Garonne) pour Mélissa et Nathan, dans le Tarn pour Axelle, et à Orange (Vaucluse) pour William, les joyeux lurons aux looks punks -piercings et écarteurs d’oreille de rigueur- s’étaient décidés à avaler les kilomètres en voiture pour se rendre à un teknival en Sicile. Il s’agit de l’un de ces festivals sauvages de musique électronique organisés dans l’Europe entière, dans des lieux tenus secrets jusqu’au dernier moment.
« Salut la compagnie créole, petit message pour savoir s’il y aurait une ou un conducteur qui serait chaud de seconder notre conductrice Axelle pour aller au teknival d’Italie ! On demande une cotise pour l’essence et la bouffe […] On partirait le 13 pour revenir le 23 !! » écrivait Mélissa, 21 ans, sur sa page Facebook, devenue depuis ce mercredi un mausolée en sa mémoire.
Ils devaient embarquer à bord d’un ferry
Lundi matin, la jeune femme et son petit ami Nathan embarquent depuis Toulouse avec leur amie Axelle, 19 ans, en direction du sud-est de la France. Là, ils récupèrent William, 22 ans, avant de faire une halte à Nîmes. « On part maintenant, il nous reste une place si quelqu’un est chaud sur Nîmes, on le récupère », publie ce dernier le soir même sur les réseaux sociaux. Sans succès. Le groupe reste à quatre.
Arrivés en Italie mardi matin, les jeunes amis prennent la route vers Gênes où ils sont censés embarquer à bord d’un ferry qui doit les conduire en Sicile. Mais leur périple s’achève dramatiquement, vers 11h40, sur la portion du pont Morandi qui s’est écroulée.
« Mélissa était une fille formidable, une perle rare, qui est morte trop jeune, nous confie l’une de ses amies. Je l’ai connue car je la prenais beaucoup en photos lors de soirées. » Selon La Dépêche du Midi, la jeune femme, adoptée par un médecin, a grandi à Souillac (Lot) où elle pratiquait le twirling bâton, une discipline sportive mêlant gymnastique et maniement du bâton. Son compagnon Nathan, avec qui elle est en couple depuis neuf mois, a quant à lui vécu à Uzès (Gard) où il laisse le souvenir d’un passionné de judo.
La conductrice et benjamine de la bande, Axelle, se faisait rare ces derniers temps à Lautrec, petit village du Tarn où sa mère tient une boutique de bijoux fantaisie et où son père travaille en tant que programmateur culturel dans un café. « Ce sont des gens très discrets. Axelle, je l’ai vue grandir. Elle venait parfois en ville mais ne vivait plus ici », raconte le boulanger du coin.
Quant à William, sa sœur le présente comme un vigneron travaillant entre Orange et Châteauneuf-du-Pape. « C’était quelqu’un de têtu mais avec beaucoup d’humour, nous dit-elle. Il rêvait de s’acheter un camion pour voyager dans le monde. Il avait aussi une chienne qu’il adorait. » Les proches des quatre amis se sont envolés ce mercredi pour Gênes.
Source : Le Parisien
Auteurs : Jérémie Pham-Lê, avec Éric Pelletier, Aurélie Rossignol, Pierre-François Plessis et Armelle Parion
Date : 16/08/2018