Explosion de Rosny : une information pour homicides involontaires bientôt ouverte

Un juge d’instruction va être désigné pour enquêter sur les circonstances de l’effondrement d’un immeuble à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) qui a fait 8 morts et 11 blessés, a annoncé ce lundi le parquet de Bobigny.

« Selon les premiers éléments de l’enquête en recherche des cause de la mort (...), l’origine de cette explosion serait située dans la partie basse de l’immeuble et due probablement au gaz », a indiqué le parquet dans un communiqué.

« Au vu des premiers résultats de l’enquête en cours, une information judiciaire confiée à un juge d’instruction du tribunal de grande instance de Bobigny des chefs d’homicides et blessures involontaires devrait être ouverte à bref délai », poursuit le communiqué. Un porte-parole du parquet a précisé que l’information judiciaire serait ouverte « a priori en fin de semaine ».

Les opérations sont désormais très périlleuses, car les sauveteurs doivent fouiller un tas de gravats haut d’une dizaine de mètres, au pied d’un bâtiment qui menace de leur tomber dessus. « Les chances de survie sont infimes, a expliqué le lieutenant-colonel Samuel Bernès, porte-parole des pompiers de Paris. Seules deux personnes sont sorties vivantes des décombres, malgré le déploiement de très gros moyens de secours.

Les enquêteurs toujours à pieds d’oeuvre

Sur place, des enquêteurs de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis, chargés des investigations, se relayaient aux côtés des pompiers. Seuls éléments distillés par la justice à ce jour : l’explosion est très probablement de source accidentelle et a soufflé l’immeuble par le bas.

Selon le maire UMP de Rosny-sous-Bois, Claude Capillon, des travaux avaient été entrepris à proximité de l’immeuble mais il ne s’agissait pas d’un chantier « important ». A priori, « il n’y avait pas d’opérations sur les conduites de gaz », a précisé l’élu.

« A 95%, on peut dire que le gaz est à l’origine de l’explosion », mais « à quel niveau, c’est un travail de minutie », a commenté Claude Capillon.

Selon nos sources, la direction de GRDF affirme n’avoir reçu aucun appel de riverains se plaignant d’une odeur de gaz dans les jours qui ont précédé l’explosion meurtrière de l’immeuble de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) dimanche 31 août. Un numéro d’urgence figure pourtant en haut de chaque facture.

En revanche, la direction d’ERDF, la filiale d’EDF chargée du réseau électrique, aurait, elle, fait appel dans la semaine à une entreprise sous-traitante pour poser un câble HTA (haute tension de catégorie A), soit un câble capable de diffuser un courant électrique de 20 000 volts. « Pour cela, ils ont dû creuser un trou dans le sol, explique une source proche de la direction.

L’une des hypothèses probables est que cette entreprise, en terrassant pour poser le câble, ait endommagé la conduite de gaz.

Il faut savoir que les explosions de gaz d’une telle ampleur, liées à un défaut de conduite, sans intervention préalable d’une entreprise pour effectuer des travaux, sont rarissimes. D’où cette hypothèse sérieusement à l’étude.

« Peut-être que les agents ne se sont pas rendu compte des dégâts qu’ils venaient de causer, reprend le spécialiste. Mais peut-être aussi, et ce serait extrêmement grave, qu’ils ont préféré reboucher le trou sans rien dire. Seule l’enquête permettra de le savoir. »

Des recherches toute la nuit

Toute la nuit, à la lumière de puissants projecteurs, des dizaines de sauveteurs se sont activés au milieu des décombres de l’immeuble décharné, dans le grondement des tractopelles. L’explosion, survenue dimanche matin peu après 7 heures, a littéralement pulvérisé une moitié du bâtiment, saisissant en plein sommeil la plupart des victimes.

A quelques centaines de mètres, devant un gymnase où une chapelle ardente a été installée, des proches des victimes se sont réunis dans la matinée pour une cérémonie de recueillement.

Amis et voisins, larmes aux yeux ou regard dissimulé par des lunettes noires, sont venus soutenir les familles. Des enfants et des adolescents, certaines venues avec des roses rouges, se sont étreints longtemps.

« Ma petite fille allait à l’école avec les deux adolescents décédés. C’est atroce », explique Monique Devit, 75 ans, une fleur à la main. En sanglots, Hugo, 14 ans, dit avoir perdu son « meilleur ami ».

Venu assister à la cérémonie, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a dit sa « solidarité avec les familles terrassées par le deuil ». C’est « un drame qui nous laisse perdu », a ajouté le député de Seine-Saint-Denis et président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone. Sur les sept morts, on compte une mère de famille de 40 ans et ses deux adolescents de 14 et 18 ans, mais aussi un enfant âgé de dix ans, une femme de 45 ans, une octogénaire, un quinquagénaire et un autre adulte qui reste à identifier formellement.

La déflagration a blessé onze autres personnes, dont quatre plus grièvement. « Leurs vies ne sont plus en danger », a précisé lundi le préfet de Seine-Saint-Denis Philippe Galli.

Selon la mairie, 32 personnes sinistrées ont été relogées après l’explosion. Vingt autres, dont deux enfants, ont été accueillies pour la nuit par leurs familles et restaient à reloger.

leparisien.fr - R.T. - le 1.09.2014

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