École de chimie - Le professeur condamné à 18 mois avec sursis

Hier, le tribunal correctionnel de Mulhouse a rendu son jugement concernant l’explosion, qui avait fait un mort, à l’École de chimie de Mulhouse, le 24 mars 2006. Le professeur Louati a été reconnu coupable « par négligence et imprudence ».

Durant trois jours, les 15, 16 et 17 septembre derniers ( L’Alsace des 16, 17 et 18 septembre), il n’a eu de cesse de clamer son innocence lors de son procès, concernant l’explosion qui a tué un de ses collègues professeurs-chercheurs le 24 mars 2006, à l’École nationale supérieure de chimie de Mulhouse (EnscMu). Hier, le tribunal a rendu son jugement et a finalement condamné Alain Louati à 18 mois de prison avec sursis, ainsi qu’à 8 000 € d’amende pour ce délit et à 1 600 € d’autres amendes. « C’est injuste », a-t-il lancé à la sortie de la salle d’audience.

Pour la justice, ce professeur — au statut de chercheur isolé comme dix autres de ses collègues de l’EnscMu — est coupable, « par négligence et imprudence », d’avoir ouvert d’une manière trop importante le robinet de la bouteille d’éthylène qui a provoqué l’explosion. Cette bouteille, située dans un lieu non ventilé, lui servait pour une expérimentation personnelle qu’il avait montée dans son bureau. « Je pensais que la justice allait peut-être retenir le fait que cette bouteille était présente dans ma salle. Mais je pensais aussi que je serais relaxé pour les faits d’homicide involontaire et de blessures involontaires », a expliqué Alain Louati, estimant que « l’enquête a été bâclée. On n’a pas tenu compte de mes déclarations, d’aucun élément que j’ai pu apporter. La porte de mon bureau était ouverte, le robinet de la bouteille était ouvert, mais ce n’est pas moi… »

« Il n’est pas le seul coupable »

Concernant les indemnisations, le tribunal correctionnel a reconnu régulières les demandes des parties civiles, mais il les a renvoyées vers le tribunal administratif. « Vos fautes sont détachables de votre service en tant qu’agent public », a fait remarquer à Alain Louati, lors du rendu de son délibéré, la présidente Christine Schlumberger.

« Il y a une décision de culpabilité, a admis M e Alban Pierre, l’avocat de la famille de la victime, Dominique Burget. Forcément, il y a une satisfaction de notre part. On arrive à déterminer les responsabilités dans ce dossier. Mais, à mon sens, M. Louati n’est pas le seul coupable… »

Les douze parties civiles dans ce dossier devront très rapidement constituer leur dossier pour le tribunal administratif, afin d’interrompre la prescription. « Il faut le faire très vite, avant la fin de l’année, a remarqué M e Alban Pierre. La procédure sera longue, vraisemblablement quatre ans. »

Il faudra donc encore attendre pour ces victimes. Mais l’indemnisation n’était pas vraiment la chose essentielle, surtout pour la famille de Dominique Burget. « Personne n’a reconnu les faits et ce drame, a déclaré son ex-compagne. Cela restera une grande souffrance pour nous. Il y a un sentiment d’inachevé et cela reste très douloureux. »

Alain Louati devrait vraisemblablement faire appel de son jugement.

L’Alsace - Grégory Lobjooie - 26 novembre 2010


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