Débris retrouvé à la Réunion : "l’information viendrait matérialiser le drame du MH370"

Après 16 mois d’attente, ils vont peut-être enfin savoir ce qui est arrivé à leurs proches. Le fragment d’aile d’avion découvert mercredi sur le littoral de l’île de La Réunion doit être rapatrié ce vendredi vers un laboratoire spécialisé basé à Toulouse. L’analyse, qui sera réalisée sur la pièce longue de deux mètres, permettra définitivement de savoir si oui ou non elle appartient au vol MH370 de la Malaysia Airlines, mystérieusement disparu le 8 mars 2014 avec 239 passagers à son bord.

Seule certitude pour l’instant : le débris est "de même type" que ceux d’un Boeing 777, d’après une source proche de l’enquête. Stéphane Gicquel est secrétaire général de la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (FENVAC). Il est régulièrement en contact avec les proches des disparus du vol MH370. Interrogé par L’Express, il évoque la détresse des proches et leur besoin de connaître enfin la vérité.

Dans quel état d’esprit se trouvent actuellement les proches des passagers disparus ?

C’est un mélange de sentiments contradictoires. D’un côté, ils ont le besoin de savoir ce qu’il s’est passé et d’un autre côté, ce débris, s’il provient bien du vol MH370, mettra fin à tous leurs espoirs de revoir un jour leurs proches. Les familles, il ne faut pas l’oublier, sont dans l’attente depuis plus de 16 mois. C’est une situation extrêmement difficile à gérer. D’autant que depuis la disparition de l’appareil, aucun élément concret n’a prouvé que les passagers étaient vraiment morts. Aujourd’hui, les proches souhaitent quelque chose de concret.

Avez-vous pu vous entretenir avec Ghyslain Wattrelos [sa femme et deux de ses enfants se trouvaient dans l’avion, NDLR] depuis la découverte du fragment d’aile mercredi ?

Nous avons échangé quelques mails. Il fait partie des familles qui gardaient cette part d’espoir. Pour lui, cette découverte symbolise une nouvelle étape.

S’il est confirmé que cette pièce appartient bien au vol MH370 de la Malaysia Airlines, qu’est-ce que cela change pour les proches ?

L’information viendrait concrétiser et matérialiser ce drame. Jusqu’à présent, les familles n’ont eu aucune information sur l’existence même d’un crash. Elles ne savent absolument rien. Pour la première fois, elles auraient un élément tangible à quoi se raccrocher. Il s’agirait alors d’une confrontation très direct et violente avec le décès de leurs proches.

Et à l’inverse, si le fragment ne provient pas de l’appareil ?

Il s’agirait d’un énième rebondissement dans cette affaire, ça ne serait pas la première fois que cela arrive. Il y aurait de la déception et un vrai découragement. Depuis la disparition du vol MH370, leurs vies restent figées dans l’attente. Et si les analyses révèlent que la pièce n’appartenait pas au vol MH370, cette attente destructrice se poursuivra et sera de plus en plus difficile. Les familles ont besoin d’avancer et de savoir.

Les familles ont-elle été bien traitées selon vous ?

Pas du tout. Elles n’ont eu aucun accompagnement de la part des autorités malaisiennes et de la compagnie Malaysia Airlines, contrairement au crash de l’avion de GermanWings en mars dernier. Aujourd’hui, elles sont impuissantes et complètement démunies face à la situation. Elles n’ont plus confiance dans les autorités malaisiennes. Toute la vérité n’a pas été dite dans cette affaire, des informations ont été cachées. En Chine par exemple, les familles des personnes disparues sont surveillées de très près par la police.

La France aujourd’hui a une véritable responsabilité morale envers eux. C’est une chance que cette pièce soit arrivée sur le territoire. La France, qui le seul pays où une enquête judiciaire a été ouverte, aura le souci d’informer plus rapidement et de manière plus transparente les familles.

Crédit photos : Source : L’Express.fr Date : 31/07/2015

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