Crash du Concorde : renvoi de Continental Airlines et de cinq personnes en correctionnelle pour "homide et blessures involontaires"

Le juge d’instruction en charge de la catastrophe du Concorde, qui fit 113 morts en juillet 2000 Gonesse (Val d’Oise), a ordonné le renvoi devant le tribunal correctionnel de Pontoise de la compagnie aérienne américaine Continental Airlines et de cinq personnes pour "homicides et blessures involontaires", a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

Dans un communiqué, le procureur de la République de Pontoise précise que cette ordonnance rendue mercredi vise deux employés de la compagnie aérienne américaine et cette dernière en tant que personne morale, de deux responsables d’Aérospatiale et d’un responsable de la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC).

La principale hypothèse retenue dans ce drame est la perte d’une lamelle en titane d’un DC-10 de la Continental Airlines sur le tarmac, peu avant le décollage du Concorde d’Air France. Cette lamelle a provoqué l’éclatement d’un pneu du supersonique dont les débris en caoutchouc ont perforé le réservoir insuffisamment protégé de l’avion, en raison de défaillances dans le suivi de l’appareil.

Selon l’ordonnance de renvoi, il est reproché à un employé de Continental Airlines "d’avoir confectionné et installé une bande d’usure sur un appareil DC-10 sans respecter les prescriptions en vigueur", tandis que son supérieur a "validé" ce changement. Pour sa part, la compagnie aura à répondre d’avoir autorisé la remise en service du DC-10 et de "négligences" dans l’entretien et la maintenance des appareils DC-10.

Aux deux responsables d’Aérospatiale, il leur est reproché d’avoir "sous-estimé la gravité des dommages causés par les incidents" précédents sur les Concorde, "d’avoir privilégié le traitement des causes des éclatements des pneumatiques aux dépens des conséquences (non renforcement de l’intrados) et d’avoir négligé les risques d’incendies et de perte de poussée des réacteurs".

Quant au responsable de la DGAC, il lui est reproché, toujours dans le cadre du suivi de navigabilité des Concorde, d’avoir "sous-estimé la gravité des dommages causés par les incidents, d’avoir accepté que soit privilégié par le constructeur le traitement des causes des éclatements des pneumatiques aux dépens des conséquences des projections (non renforcement de la protection de l’intrados) et d’avoir négligé les risques d’incendies et de perte de poussée des réacteurs".

Le Nouvel Observateur, AP, 03.07.2008


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