Continental jugée responsable du crash du Concorde

La compagnie aérienne américaine a été reconnue coupable d’homicides et de blessures involontaires dans la crash qui avait fait 113 morts en 2000. Une lamelle perdue par un de ses avions avait fait éclater un pneu du supersonique au décollage de Roissy.

Continental Airlines responsable, les prévenus français relaxés. Le tribunal correctionnel de Pontoise (Val d’Oise) a rendu son jugement lundi, après un procès-fleuve de quatre mois. Il y a dix ans, la chute d’un Concorde sur un hôtel de Gonesse entraînait la mort de 113 personnes (109 voyageurs et 4 occupants de l’hôtel) et précipitait l’arrêt de l’exploitation commerciale du supersonique. Jugée coupable d’homicides et de blessures involontaires, la compagnie américaine écope d’une amende de 200.000 euros et devra verser 1 million d’euros de dommages et intérêts à Air France, exploitante du Concorde.

Dans son jugement, le tribunal a reproché à Continental des négligences dans la maintenance de ses appareils. Ces problèmes organisationnels auraient entraîné des erreurs techniques de la part de son chaudronnier John Taylor. Or c’est ce mécanicien qui a monté, 16 jours avant le drame, une lamelle métallique désignée par Air France et les enquêteurs comme ayant causé l’accident. Selon ce scénario, la lamelle de titane de 40 cm, mal fixée, est tombée d’un DC-10 de Continental sur la piste, juste avant le passage du Concorde. En décollant derrière cet appareil, le Concorde a roulé sur la lamelle, qui a fait éclater le pneu et mis le feu au réservoir, entraînant sa chute quelques minutes après le décollage.

John Taylor, 42 ans, a écopé de 15 mois de prison avec sursis. L’avocat de Continental, Me Olivier Metzner, a annoncé dès la fin de la lecture du jugement que la compagnie américaine faisait appel.

En revanche, les trois cadres de l’aéronautique français, qui comparaissaient pour « homicides et blessures involontaires par manquement à une obligation de sécurité », ont été relaxés. « Aucune faute caractérisée ne peut être reprochée à Henri Perrier (ancien directeur du programme Concorde ndlr), Jacques Herubel, Claude Frantzen », a dit le tribunal dans son jugement lu en public. Il était reproché aux trois responsables de ne pas avoir tiré les leçons des incidents de pneus qui avaient émaillé la carrière du supersonique depuis 1979. Ils avaient mis en œuvre des modifications visant notamment à renforcer les pneus, mais pas à protéger les réservoirs. Un autre prévenu américain, employé de Continental, a par ailleurs été relaxé.

Durant tout le procès, qui s’est déroulé de février à mai, Continental Airlines a réfuté la thèse selon laquelle l’accident aurait été provoqué par la lamelle. Les avocats de la compagnie américaine ont soutenu que cette thèse était impossible puisque l’avion aurait pris feu 700 mètres avant de rouler sur le bout de ferraille. Pour appuyer sa démonstration, la compagnie américaine a fait réaliser une reconstitution en 3D, mais celle-ci n’a convaincu ni le parquet ni les parties civiles. Les avocats de Continental s’en étaient également pris à Air France, partie civile au procès, coupable selon eux de négligences de maintenance et qui n’aurait jamais dû « laisser l’avion décoller ». Air France réclamait 15 millions d’euros de dommages et intérêts à Continental.

(Avec agences)

Le Figaro - publié le 22 décembre 2010


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