Confusion au Westgate de Nairobi après quatre jours de siège

Quatre jours après le début de l’attaque contre le centre commercial Westgate de Nairobi, les forces spéciales kényanes indiquaient mardi 24 septembre au matin combattre encore "un ou deux" chabab retranchés dans l’un des étages supérieurs du centre commercial.

Des tirs nourris ont été entendus en provenance du bâtiment, comme l’a constaté un journaliste du Monde sur place, alors que le ministère de l’intérieur avait annoncé, plus tôt dans la matinée, que le centre commercial était sous contrôle et que tous les otages avaient été libérés.

Plus tôt, des tirs ont été entendus en provenance de #Westgate, alors que les autorités ont affirmé avoir le contrôle total du complexe

— Sébastien Hervieu (@Seb_Hervieu) September 24, 2013
Ces dernières 48h, la communication officielle s’est svt montrée confiante, mais la réalité du terrain continue de la rattraper #Westgate

— Sébastien Hervieu (@Seb_Hervieu) September 24, 2013

Le porte-parole du gouvernement, Manoah Esipisu, avait même affirmé que les forces spéciales ne rencontraient plus aucune "résistance" dans le bâtiment après plusieurs assauts pour venir à bout du commando.

LE PROFIL DES ASSAILLANTS

Selon les autorités, trois assaillants sont mort lundi, mais le sort des autres membres du groupe restait inconnu tôt mardi matin, tandis que leur profil commence à se préciser. La ministre des affaires étrangères, Amina Mohamed, a ainsi confirmé lundi soir dans l’émission "Newshour", de la télévision américaine PBS, la présence dans ce commando armé de deux ou trois Américains et d’une Britannique.

La ministre a notamment dit que cette Britannique avait déjà commis des actes terroristes similaires "à de nombreuses reprises". Plus tôt, la police kényane avait déclaré étudier les informations selon lesquelles la Britannique Samantha Lewthwaite, veuve d’un des kamikazes des attentats du 7 juillet 2005 à Londres, serait "impliquée". En ce qui concerne les Américains, a précisé la ministre, ce sont "de jeunes hommes, entre 18 et 19 ans (...), d’origine somalienne ou arabe, mais qui vivaient aux Etats-Unis, dans le Minnesota et dans un autre endroit".

Le Washington Post rapporte par ailleurs que les assaillants se lançaient des ordres en anglais. Selon un compte Twitter qui dit représenter des milices chabab, mais que les enquêteurs américains pensent désormais faux, trois Américains, un Canadien, un Suédois, deux Britanniques et un Finlandais auraient participé à l’attaque. Les Etats-Unis reconnaissent toutefois que plusieurs dizaines d’Américains se sont rendus en Somalie au cours des dernières années pour s’entraîner ou combattre dans les rangs des chabab. Beaucoup d’entre eux proviennent de Minneapolis-St Paul, où vit une importante communauté originaire d’Afrique de l’Est.

UNE PARTIE DE "CACHE-CACHE"

Lundi à la mi-journée, de fortes explosions et des "tirs nourris" avaient été entendus dans le Westgate, avant que d’épais nuages de fumée noire se s’en échappent. Dans la journée, un membre des forces spéciales ayant participé aux combats a raconté la difficulté de l’intervention, parlant d’une partie de "cache-cache" avec les islamistes dans les magasins du vaste centre commercial, dont les alentours restaient bouclés et interdits d’accès aux journalistes. Les assaillants "ont brûlé des matelas pour faire diversion, ils ont essayé de s’échapper", a de son côté déclaré le chef de l’armée, le général Julius Waweru Karangi. Selon le ministère de l’intérieur, plus de dix suspects ont été arrêtés "pour interrogatoire", sans plus de détails.

Lancée samedi après-midi dans le centre commercial bondé, l’attaque, qui a fait soixante-deux morts, soixante-trois disparus et cent soixante-dix blessés, a été revendiquée par les insurgés islamistes somaliens d’Al-Chabab qui disent agir en représailles de l’intervention militaire kényane en Somalie lancée à la fin de 2011.

Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier à Nairobi depuis une attaque suicide d’Al-Qaida en août 1998 contre l’ambassade des Etats-Unis, qui avait fait plus de deux cents morts.

lemonde.fr avec AFP et REUTERS - 24 septembre 2013


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