Attentats de 1995 : Les victimes ont le sentiment d’être « poursuivies » par le terrorisme

Les attaques de début janvier en région parisienne les ont replongées dans leur passé, marquées à jamais par la vague d’attentat qui a soufflé la France à l’été 1995. Tout commence le 25 juillet dans le RER parisien à la station Saint-Michel.

L’explosion d’une bouteille de gaz, bourrée d’écrous, tue huit personnes et en blesse 119. La série d’attentats s’achèvera grâce à une opération de police menée à Paris, Lyon et Lille les 1er et 2 novembre permettant d’arrêter Boualem Bensaïd et Smaïn Aït Ali Belkacem, issus de la mouvance algérienne du Groupe islamique armé (GIA), définitivement condamnés à la prison à vie en 2003.

Impossible de rester indifférent au terrorisme

« Plusieurs victimes nous ont appelés juste après les attaques de Charlie Hebdo et de l’Hyper-casher pour nous dire à quel point ces événements avaient ressurgi dans leurs vies. Elles se sentent poursuivies par le terrorisme, raconte Stéphane Gicquel, secrétaire général de la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents (Fenvac). Elles nous disent aussi à quel point elles ne peuvent plus être indifférentes au terrorisme, même si les attentats des années 90 sont différents de ceux d’aujourd’hui. »

Ce retour en arrière a été d’autant plus violent lorsqu’elles ont appris dans la presse la proximité entre le terroriste Smaïn Aït Ali Belkacem, bourreau de leur enfer, les frères Kouachi et Amédy Coulibaly. Ces derniers étaient en lien avec Djamel Beghal, figure de l’islam radical, avec qui ils projetaient de faire libérer Belkacem.

Des victimes n’ont jamais pu reprendre le métro

« Ces attentats de janvier ont déstabilisé les victimes de ceux de 1995 », atteste Françoise Rudetzki, membre du conseil d’administration du Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme et autres infractions. Elle-même grièvement blessée le 23 décembre 1983, dans un attentat au restaurant le Grand Véfour à Paris, elle se souvient avoir prévenu à l’époque les autorités que le « terrorisme commençait ». « Dix ans après les derniers attentats de 1996, on me disait “Vous voyez, on a réussi à l’éradiquer”. Regardez où on en est aujourd’hui… », soupire-t-elle.

Chaque nouvelle attaque, dit-elle, fait replonger les victimes « dans leur propre souffrance ». Psychologique pour ceux qui ont perdu un proche. Mais aussi physique pour les blessés. « Avec le temps, les blessures s’aggravent. Il faut de nouvelles opérations. Repasser par un parcours d’indemnisation auprès du fond de garantie… », détaille Françoise Rudetzki.

D’autres souffrances, cette fois-ci indicibles et invisibles, peuvent perdurer. « Beaucoup de victimes des attentats de 1995 et 1996 n’ont jamais pu reprendre le métro », souligne-t-elle. Certaines sont d’ailleurs parties, ne supportant plus vivre à Paris, pour la province. Et tenter d’oublier, au calme.

Crédit photos : Source : 20minutes.fr Auteur : William Molinié Date : 24.07.2015

Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes