ATTENTAT DU 14-JUILLET A NICE : LE PROCES S’OUVRE A PARIS, SIX ANS APRES LA TRAGEDIE

86 personnes ont été tuées et des centaines blessées dans l’attaque sur la promenade des Anglais, à Nice. Huit personnes sont jugées à partir de ce lundi 5 septembre par la Cour d’assises spéciale à Paris, en l’absence du conducteur du camion-bélier, abattu par la police.

86 morts, dont quinze mineurs. 318 blessés physiques et des centaines de personnes traumatisées. Le 14 juillet 2016, huit mois après les attaques terroristes du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, celle au camion-bélier sur la Promenade des Anglais à Nice ravive effroi et douleur. Suscitant à nouveau une émotion internationale. Six ans plus tard, la justice va replonger dans l’horreur de cet attentat de masse, dont le procès s’ouvre ce lundi 5 septembre.

Un autre procès hors norme, après celui du 13-Novembre​. Avec 64 jours d’audience prévus, 865 parties civiles déjà constituées, 133 avocats dont 14 en défense, 109 médias accrédités… Durant trois mois et demi, la cour d’assises spéciale va juger à Paris huit personnes, en l’absence de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Le terroriste de 31 ans a été abattu par la police au volant du 19 tonnes avec lequel il a foncé dans la foule venue voir le feu d’artifice.

Trois jugés pour association de malfaiteurs terroriste

Trois membres de son « entourage » sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste : le Franco-Tunisien de 27 ans Ramzi Arefa et les Tunisiens de 43 et 46 ans Chokri Chafroud et Mohamed Ghraieb. Le premier, en état de récidive légale, encourt la réclusion à perpétuité et les deux autres jusqu’à 20 ans de prison. Ils sont soupçonnés « d’avoir eu conscience de l’existence d’un projet » d’attaque de Lahouaiej-Bouhlel.

Les investigations ont montré que le chauffeur-livreur, en dépit d’une « personnalité perturbée », a « minutieusement préparé » son acte. Et les avait « informés » de ses démarches pour louer un camion, dans lequel deux sont montés avant l’attentat. Il les aurait aussi tous « sollicités » dans sa recherche d’armes. L’accusation estime encore qu’ils ont « nécessairement » perçu la « récente radicalisation » de l’assaillant.

Ce dernier, même sans « lien démontré » avec le groupe État islamique qui avait « opportunément » revendiqué l’attaque d’après les enquêteurs, a « mis en application les préconisations » de l’organisation djihadiste.

Arefa, Chafroud et Ghraieb avaient été mis en examen à l’origine pour complicité​, mais ce chef d’accusation n’a pas été retenu au terme des quatre années d’information judiciaire.

Cinq autres personnes, quatre Albanais et un Tunisien visé par un mandat d’arrêt, seront jugées pour association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes : suspectés d’être impliqués dans le trafic qui a permis à Lahouaiej-Bouhlel de disposer d’un pistolet le soir des faits. Ils risquent de 5 à 10 ans d’emprisonnement.

« Comprendre la genèse de l’attentat »

« Les parties civiles ont beaucoup de questions, veulent comprendre la genèse de l’attentat et le rôle des accusés. La teneur de certains messages téléphoniques laissant suspecter jusqu’à l’existence d’un autre projet d’attaque », soulignent Me Olivia Chalus-Pénochet et Me Sophie Hébert-Marchal, avocates niçoises de victimes et proches de victimes.

Du côté de la défense, on rappelle que les mis en cause « ont toujours contesté toute connaissance du projet terroriste » de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. « Le fonctionnement psychique » de l’auteur de l’attentat, même s’il est absent, « devra occuper le cœur des débats », indiquent Chloé Arnoux et Florian François-Jacquemin, avocats de Chokri Chafroud. Leur client, répètent-ils, « n’avait aucune idée de son plan mortifère. Et ne l’a aucunement aidé matériellement ».

Diffusion des images, dispositif de sécurité sur le front de mer…

L’audience devrait s’ouvrir « avec un débat sur la recevabilité de la constitution de parties civiles ». 865 sont déjà constituées et des centaines d’autres pourraient encore revendiquer ce statut. La question « de la diffusion des images de l’attaque filmée » par les caméras de vidéosurveillance de la ville de Nice « sera aussi discutée lors des premières journées », note Me Virginie Le Roy, conseil de l’association de victimes « Promenade des Anges ».

Après la présentation des faits et des investigations, l’audition d’enquêteurs et d’experts, des témoins cités par les parties civiles seront appelés à la barre à partir de la mi-septembre. Parmi eux, l’ancien président François Hollande et le ministre de l’Intérieur d’alors, Bernard Cazeneuve. Suivront cinq semaines d’auditions de victimes et proches de victimes. Les interrogatoires des accusés sont programmés en novembre. Le verdict est attendu le 14 décembre.

Crédit photos : Article de Philippe MIRKOVIC pour Ouest-France 05/09/2022

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