Attentat de Nice : le cofondateur de l’association de victimes condamné

Le cofondateur et ancien secrétaire général de « Promenade des Anges », l’association d’aide aux victimes de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice, vient d’être condamné à un an de prison ferme en appel. Il était jugé pour escroquerie et abus de confiance.

La cour d’appel d’Aix-en-Provence a confirmé ce mardi la condamnation à dix-huit mois de prison, dont six avec sursis, de l’ancien porte-parole de l’association des victimes de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice, Vincent Delhomel, poursuivi pour des faits d’escroquerie et d’abus de confiance. La cour, qui a confirmé la peine prononcée en première instance par le tribunal correctionnel de Nice, a également ordonné son maintien en détention. Elle a cependant ouvert la voie à un aménagement de la peine par le port d’un bracelet électronique.

Les juges n’ont pas suivi les réquisitions du parquet, qui avait réclamé à l’audience une peine de cinq ans d’emprisonnement contre le cofondateur et ex-secrétaire général de « Promenade des Anges », l’association constituée après l’attaque au camion bélier qui a fait 86 morts et 450 blessés à Nice. Elle a relaxé des faits d’escroquerie le serveur de 50 ans accusé d’avoir détourné près de 10.000 euros sur les recettes d’une course caritative et le remboursement de notes de frais indues.

Frais de restaurants et arriérés de loyers

Au lendemain de l’attentat de Nice, Vincent Delhomel avait lancé l’association « Promenade des Anges », pour donner une expression aux problématiques des victimes, notamment en réclamant une facilitation du processus d’indemnisation. L’homme ne manquait pas de raconter son histoire : le soir du 14 juillet il travaillait dans un bar-restaurant sur la promenade des Anglais, lorsque le terroriste a lancé son camion sur la foule, tuant 86 personnes. Vincent Delhomel expliquait avoir passé la nuit à veiller sur les victimes, recouvrant les corps des défunts de draps blancs. Pour les membres de l’association, le récit du cofondateur de « Promenade des Anges » n’a cessé de varier concernant cette nuit funeste, en fonction de ces interlocuteurs. Tous gardent aujourd’hui l’image d’un « manipulateur ».

C’est en décembre 2016 que la nouvelle trésorière réalise que l’association fonctionne, non pas avec de l’argent liquide, mais seulement avec des virements et des chèques. Elle découvre des frais de fonctionnement exorbitants pour une jeune association et se rend compte que l’argent émanant d’une vente caritative de bracelets pendant l’opération « Courir pour nos Anges », un marathon entre Nice et Cannes, n’apparaît nulle part. Vincent Delhomel aurait en réalité dépensé 7.300 euros en frais de restaurant et pour rembourser ses arriérés de loyers. En outre, il aurait menti sur les frais de déplacements effectués à Paris pour l’association afin d’être davantage remboursé. En présentant ses notes de frais, il aurait perçu 2.000 euros. Émilie Petitjean, la nouvelle présidente de l’association, demande alors la démission de Vincent Delhomel, qui accepte sans contester.

En première instance, l’avocat de l’association réclamait une réparation du préjudice financier à hauteur de 10.000 euros, estimant que « d’autres sommes ont été détournées ». Le conseil de « Promenade des Anges » avait également chiffré à 10.000 euros le préjudice moral subi par les victimes. La cour d’appel d’Aix-en-Provence a suivi ces demandes puisque l’association s’est vue allouer 6.778 euros de dédommagement au titre du préjudice matériel et 10.000 euros au titre du préjudice moral pour atteinte à sa réputation.

Huit condamnations au pénal pour des faits similaires

Cette condamnation n’est pas une première en la matière. En décembre dernier, un ambulancier qui s’était fait passer pour une victime du Bataclan était jugé du tribunal correctionnel de Versailles pour tentative d’escroquerie auprès du fonds qui se charge de l’indemnisation des victimes. Le 13 novembre 2015, il disait se trouver à la terrasse du café situé devant la salle de spectacle où 90 personnes ont été tuées. Début 2016, Cédric R. prend contact avec le Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d’autres infractions (FGTI) pour constituer un dossier de demande d’indemnisation. Les enquêteurs s’étonnent que le jeune homme ne veuille pas porter plainte et détectent des incohérences dans son histoire. Au moment où la fusillade commence au Bataclan, le téléphone de l’ambulancier borne « le long de l’autoroute A13 », puis il est localisé à son domicile des Yvelines. L’ambulancier, qui a depuis reconnu ses torts, a écopé de deux ans de prison dont six mois ferme.

Depuis les attentats de Paris, le FGTI a dénombré une douzaine de dossiers pour fraude dont huit condamnations au pénal. C‘est le cas d’un couple qui, à deux reprises, a tenté de faire croire qu’il était présent aux attentats de Paris et Nice. Dans un premier temps, les deux escrocs avaient réussi à se faire verser 60.000 euros par le FGTI avant d’être condamnés à de la prison ferme. Une autre femme, Laura O., a été jugée pour avoir présenté aux policiers des faux certificats médicaux attestant qu’elle était au bar Le Carillon lors de l’attaque terroriste en 2015. Elle a été condamnée en novembre 2016 à un an de prison ferme.

Une autre femme, condamnée en juillet 2016 par le tribunal correctionnel de Bobigny à six mois d’emprisonnement avec sursis, avait prétendu être présente au Bataclan le soir des attentats et avait réclamé 10.000 euros au FGTI. Or, l’examen de son téléphone avait révélé que, ce soir-là, elle était à 20 kilomètres du Bataclan. Lors de son procès, la fausse victime avait admis avoir menti dans l’espoir de renflouer ses comptes bancaires après la perte de son emploi. Autre fausse victime, un chauffeur de VTC avait déclaré en décembre 2015 être présent au restaurant Le Petit Cambodge le soir des attentats. Il avait raconté avoir vu une femme mourir devant ses yeux. Une enquête avait mis à jour qu’il était en réalité une victime de l’attentat du RER B à Saint-Michel, à Paris en 1995.

Date : 20/02/18
Auteur : Valentine Arama
Source : Le Figaro

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