Attentat de Nice. L’enquête présentée aux victimes en quête de réponses

Près d’un an après l’attentat qui a touché la Promenade des Anglais à Nice, la justice s’est rendue ce mardi à la rencontre des parties civiles. Les juges ont présenté les avancées de leur enquête sur l’auteur de l’attentat commis au camion-bélier. Comment ce chauffeur-livreur tunisien s’est-il préparé ? Qui l’a aidé ? Y avait-il des personnes dans la confidence ?

Les magistrats parisiens supervisant l’enquête sur l’attentat de Nice il y a près d’un an ont rencontré ce mardi les victimes niçoises, dont beaucoup ont à nouveau laissé éclater leur frustration concernant les mesures de sécurité déployées le soir de l’attaque.

Organisée à l’abri des micros et caméras, très présents aux abords de l’amphithéâtre universitaire réservé pour plus de 150 personnes et une cinquantaine d’avocats, la rencontre devait permettre aux trois juges de présenter leur enquête sur l’auteur de l’attentat, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel.

Agé de 31 ans, ce chauffeur-livreur était issu de l’importante communauté tunisienne de Nice. En moins de trois minutes, il a fait 86 morts de 19 nationalités et plus de 450 blessés en fonçant avec un camion de location sur les spectateurs du feu d’artifice tiré près de la Promenade des Anglais le soir de la fête nationale.

Neuf personnes toujours en détention provisoire

Comment s’était-il préparé ? Qui l’a aidé ? Y avait-il des personnes dans la confidence ? Seul ce volet du dossier devait en principe être abordé mardi. Neuf personnes sont en détention provisoire, soupçonnées d’avoir joué un rôle dans la fourniture d’armes avant l’attaque.

Anne Murris, membre de l’association de victimes Promenade des Anges, comptait cependant en profiter pour poser la grande question qui taraude encore aujourd’hui beaucoup de Niçois et qui a jeté le trouble entre la mairie et le gouvernement socialiste de l’époque.

« L’important c’est d’avoir une vérité »

« Je veux savoir pourquoi ce 14 juillet, on avait quand même un dispositif de sécurité moins important que les années précédentes  », a-t-elle déclaré avant le début de la réunion. « Je me dis qu’on n’était pas logés à la même enseigne pour la sécurité dans notre pays, c’est frustrant pour les victimes  », a-t-elle ajouté. L’attentat a eu lieu alors que l’Euro 2016 de football venait de se terminer sans incident majeur.

Mme Murris a perdu une grande fille le 14 juillet : « J’ai envie de faire confiance à la justice (...) Peu importe le temps que ça mettra, l’important c’est d’avoir une vérité. Je n’ai pas envie qu’à un moment, on en arrive à ce que vivent certaines familles au niveau de l’affaire Karachi, une sorte d’omerta, de silence. »

L’information des victimes est prévue par le code de procédure pénale. Mais à l’approche du premier anniversaire du drame, période par nature difficile pour les victimes, la réunion à Nice n’avait rien d’anodin. Des personnels de secours et de soutien psychologique avaient été convoqués pour soutenir l’assistance si besoin.

Karim, 27 ans, barman, a failli se faire écraser par le camion. Incapable de rester à Nice après, il est parti travailler en Belgique et c’est son psychologue qui lui a conseillé de venir : « Il m’a dit que j’étais en quête de compréhension. Ce que je veux comprendre c’est tout le fonctionnement, qui était ce mec. »

« Si je savais ce que j’attends, je sais pas.... L’enquête ? Oui, parce que c’est en recevant le papier de l’avocat que j’ai eu la surprise de découvrir qu’ils avaient arrêté 9 personnes, je ne le savais pas. Tout le monde croyait que le type était tout seul », confie aussi Silvana, dont la petite-fille, Amie, 12 ans, a été tuée. Elle évoque « l’injustice » qu’elle ressent en pensant tous les jours à « ce qu’elle ne vit pas et qu’elle aurait dû vivre  ».

« Je suis surtout en rogne, fatiguée et découragée. Quand je vois cette protection aujourd’hui, et je me dis qu’il y avait un monde fou sur cette Prom’ et personne (pour protéger la foule) ! Ils vont dire le contraire mais c’est pas vrai », critique-t-elle.

Source : ouest-france.fr
Date : 27 juin 2017

Crédit photos : Source : ouest-france.fr Date : 27 juin 2017

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