Attentat biologique, chimique ou nucléaire : les plans de la France pour contrer la menace

L’Allemagne a confirmé mercredi avoir déjoué un attentat biologique à la ricine, un poison très puissant. La France avait fait de même en mai. Pour faire face à cette menace terroriste, voici ce qu’ont prévu les autorités publiques.

Ils s’appellent Biotox, Piratox et Piratome. Ce sont des volets moins connus du plan Vigipirate, l’un des dispositifs de lutte contre le terrorisme en France. Ils visent, dans l’ordre, à répondre à des attaques biologique, chimique, nucléaire et radiologique. Un sujet d’actualité, l’Allemagne ayant confirmé mercredi avoir déjoué un attentat biologique à la ricine, un poison hautement puissant. Déjà en mai dernier, la France avait annoncé l’arrestation d’un Egyptien de 20 ans soupçonné de préparer un attentat à l’explosif ou à la ricine.

L’Etat islamique, dont les bases territoriales ont disparu ou presque en Irak et en Syrie, miserait-il désormais sur des recrues autoproclamées menant ce genre d’attaques ? Dès 2016, plusieurs services de renseignements mettaient en garde l’Europe et les Etats-Unis contre une menace d’attaque chimique et biologique.

Pour y répondre, des exercices NRBC (pour "nucléaire, radiologique, bactériologique, chimique") sont régulièrement réalisés en France et dans toute l’Europe, impliquant tous les services de sécurité et de secours. Concrètement, le plan NRBC du gouvernement prévoit de faire face à six situations identifiées :

La menace imminente.

La découverte d’un engin NRBC ou de terroristes prêt à disséminer un agent radiologique, biologique ou chimique.

  • La dissémination d’agent radiologique, biologique ou chimique sur des populations.
  • La contamination de produit de consommation (eau, aliments, cosmétiques, produits de santé).
  • La contamination ou l’infection de végétaux ou d’animaux.
  • L’apparition de symptômes dans la population.

Biotox, la menace biologique

Comme les autres volets chimique et nucléaire, il vise à la fois à anticiper et à contrer toute menace biologique. Il est censé permettre de répondre à une dispersion accidentelle dans un laboratoire et à une dispersion volontaire, telle qu’un attentat.

Par exemple, pour empêcher toute contamination de l’eau, des mesures spécifiques ont été prises. Interrogé par La Dépêche, le groupe Veolia explique ainsi que ses usines d’eau potable ne sont plus ouvertes aux visites du public, y compris pour les scolaires. Le journal précise que les doses de chlore ont été augmentées et leur niveau contrôlé : "La baisse de la concentration en chlore indiquerait une contamination bactériologique", explique le quotidien local.

Interrogé par La Dépêche, Alain Rodier, directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), exclut toutefois l’attentat à la ricine de cette menace biologique. "C’est un agent biologique de catégorie B qu’aucun pays ne possède dans sa panoplie RNBC, radiologique, nucléaire, bactériologique ou chimique car il est beaucoup trop difficile à mettre en œuvre pour une efficacité qui n’est pas jugée suffisante", explique-t-il.

En 2016, l’Inserm a développé un aérosol capable d’administrer au plus profond des poumons un antidote contre la ricine. Mais son utilisation sur un grand nombre de victimes serait problématique. "A ce jour, si un vaccin préventif est en cours de développement, aucun antidote reconnu n’est disponible en cas d’attaque", précise d’ailleurs l’Inserm sur son site Internet.

Piratox, la menace chimique

Le premier plan Piratox a été élaboré à la fin des années 1970.
Il a été remanié en 1992, 2003 et 2005 pour intégrer la menace d’un attentat chimique.
Les autorités ont notamment analysé les leçons tirées de l’attentat au gaz sarin perpétré par la secte Aum Shinrikyo dans le métro de Tokyo en 1995. Des membres de la secte avaient alors percé des sacs contenant des poches de sarin sous forme liquide à cinq endroits différents du métro. Bilan : 12 morts et plus de 5.500 blessés, dont certains paralysés à vie.

L’armée a développé un antidode permettant de lutter contre une intoxication par un agent chimique paralysant le système nerveux, tel que le sarin. Il s’agit du sulfate d’atropine. Réservé aux militaires, il est désormais disponible pour le public, administrable par les membres du Samu ou dans les hôpitaux, et ce, depuis un arrêté du 14 novembre 2015. Il ne s’agissait toutefois pas d’une réaction aux attentats du 13-Novembre à Paris et Saint-Denis mais d’une mesure prise en vue de la tenue de la Conférence des Nations unies sur le climat, accueillant à Paris 40.000 participants de nombreux chefs d’Etat.

Car les autorités craignent une attaque de ce type en cas de rassemblement, telle une Coupe du monde par exemple.

Piratome, la menace nucléaire et radiologique

Ce volet vise à anticiper et contrer la fabrication de bombe radiologique, soit une bombe classique qui servirait à disséminer des produits radioactifs, irradiant les personnes contaminées, par inhalation, ingestion ou dépôt sur la peau.

Le plan prévoit notamment :

  • La détection d’une bombe sale.
  • La protection des populations par des mesures de confinement.
  • La protection des intervenants par une combinaison spécifique.
  • La création d’une chaîne de décontamination.

Alain Rodier relativise toutefois les menaces NRBC en raison de la difficulté à mettre en place de telles attaques de grande ampleur. Mais il reconnaît dans la possibilité d’une attaque de ce type, même sans grand nombre de victimes, le franchissement d’un "seuil symbolique dans l’effet psychologique traumatisant d’un attentat". Et de conclure dans les colonnes de La Dépêche : "La terreur monte d’un cran dans l’imaginaire car dans ce domaine, les gaz, le poison, sont une menace invisible, impalpable, attachés à des images terribles tant dans notre passé que l’actualité récente du Moyen-Orient."

Source : Europe 1
Auteur : La Rédaction
Date : 21/06/2018

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