Aqmi menace de tuer les otages français au Mali

L’organisation terroriste reproche à la France d’avoir appelé à « envahir » le Nord-Mali, assurant que cela risquait d’aboutir à « la mort » des quatre Français enlevés il y a deux ans.

Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) a menacé mercredi de s’en prendre aux quatre otages français détenus depuis deux ans dans le nord du Mali. Dans un message adressé aux ­familles des prisonniers, la nébuleuse islamiste accuse la France d’avoir « l’outrecuidance d’appeler à envahir le pays des musulmans maliens ».« Cette initiative folle n’aura pas seulement pour conséquence la mort des otages, mais noiera la France tout entière dans les marécages de l’Azawad (Nord du Mali) », affirme Aqmi.

Le communiqué, publié par Saharamedia n’avait pas pu être authentifié mercredi soir, mais ce site mauritanien est connu pour ses contacts avec Aqmi. Cette même agence de presse avait déjà mis en ligne il y a dix jours une vidéo montrant les otages. « Ce texte nous est arrivé par le même biais que la vidéo », affirme une source proche du site.

Boucliers humains

Ce second message de menaces en moins de deux semaines, un rythme très inhabituel pour Aqmi, montre qu’après deux ans de silence l’organisation entend maintenant faire monter la pression sur les autorités françaises. Le texte ne contient toutefois pas d’ultimatum. Au contraire, dès les premières lignes, l’organisation djihadiste s’annonce « ouverte aux négociations ». « C’est le gouvernement français qui a fermé la porte », affirme le texte. Aqmi ne pose cependant aucune revendication précise. Les islamistes réclameraient autour de 100 millions d’euros pour libérer leurs victimes. Une somme énorme, « tout à fait anormale dans ce type de dossier », pour Mohamed Mahmoud Abou el-Maali, un bon connaisseur d’Aqmi. Selon lui, Aqmi pourrait en fait chercher plus à disposer « de boucliers humains » que d’argent.

La double communication d’Aqmi intervient en effet dans un contexte très particulier. Depuis la fin mars, un coup d’État à Bamako a conduit à la sécession de fait du Nord-Mali, désormais aux mains de groupes armés liés à al-Qaida. L’Afrique de l’Ouest étudie depuis lors les conditions du déploiement d’une force africaine dans cette région. En coulisses, Paris s’efforce de coordonner les efforts. La France devrait ainsi jouer un rôle crucial la semaine prochaine pour obtenir l’indispensable blanc-seing de l’ONU à l’expédition militaire. En liant directement le sort des otages à la situation au Mali, Aqmi tente sans doute avant tout d’enrayer cette mécanique.

Tanguy Berthemet, Le Figaro - 20 septembre 2012


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