Accident de train canadien : le bilan s’alourdit

Le bilan de l’explosion d’un train transportant du pétrole à Lac-Mégantic au Canada s’est alourdi lundi à 13 morts, tandis que le pétrole échappé des wagons menaçait de se répandre dans le fleuve Saint-Laurent.

Le déraillement de ce « train-fantôme », comme l’appellent les sinistrés car aucun conducteur ne se trouvait à bord, a fait « plus ou moins 50 disparus » dont 13 décès confirmés (contre 5 selon le précédent bilan), a indiqué la police. Outre le désastre humain, les autorités se démènent aussi pour éviter une catastrophe écologique. Quelque 100 000 litres de pétrole provenant des réservoirs accidentés ont été observés sur la rivière Chaudière, et pourraient atteindre rapidement le fleuve Saint-Laurent. Les causes de l’accident — le plus grave dans l’histoire du transport de brut par train, selon un expert — demeurent pour l’instant inexpliquées.

L’enquête indépendante ouverte par le Bureau canadien de la sécurité des transports (BST) semble se concentrer sur une des cinq locomotives du convoi, qui transportait 72 wagons-citernes.

Venu constater l’ampleur du drame, le ministre canadien des Transports, Denis Lebel, a toutefois affirmé que « la locomotive en cause » avait été inspectée le 5 juillet, la veille de l’accident, par un agent du ministère qui « n’avait décelé aucune lacune ». « Si on reconnaît qu’il y a eu infraction, nous prendrons toutes les mesures applicables par la loi sur le champ », a assuré le ministre.

Pour la première fois, les enquêteurs ont pu se rendre lundi dans l’ensemble de la zone de 2 km carrés dévastée par l’accident, soit le centre-ville de cette bourgade touristique de 6 000 habitants, située à 250 km à l’est de Montréal.

L’intensité du brasier a été telle que certains bâtiments n’ont même plus de murs et les policiers ont demandé aux proches des disparus de leur fournir « brosse à dents, brosses à cheveux, peigne, casquettes » qui pourraient contenir des échantillons d’ADN aidant à l’identification des dépouilles.

Petite marée noire

Petite ville des Appalaches lovée autour du lac du même nom, Lac-Mégantic s’était embrasée vers 01H30 (05H30 GMT) samedi lorsqu’un train sans conducteur convoyant du pétrole brut a déraillé, faisant exploser au moins quatre wagons-citernes contenant 100 tonnes de pétrole chacun.

Après le désastre humain, quelque 100 000 litres de pétrole provenant des réservoirs accidentés ont été observés par les autorités sur la rivière Chaudière, qui relie le lac Mégantic au fleuve Saint-Laurent.

C’est « une question d’heures » avant que le pétrole ne se jette dans ce fleuve reliant les Grands lacs à l’océan Atlantique, a indiqué vers 17H00 GMT un porte-parole du ministère québécois de l’Environnement, Eric Cardinal. « Toutes les ressources sont déployées pour limiter au maximum la quantité qui pourrait se rendre » dans cet axe maritime qui traverse le Québec d’Est en Ouest, a-t-il assuré. Le brut se trouvait vers 16H00 (20H00 GMT) au niveau de la ville de Saint-Georges, à moins de 100 km de l’embouchure se situant sur la rive sud de la ville de Québec, capitale de la province francophone.

Cet accident a par ailleurs relancé le débat sur le transport ferroviaire de pétrole en Amérique du Nord, qui a pris de l’ampleur ces dernières années du fait du manque d’oléoducs reliant les nouveaux bassins d’or noir de l’ouest du continent aux marchés en demande.

Le train de la compagnie ferroviaire américaine The Montreal, Maine & Atlantic transportait du pétrole provenant du Dakota du Nord (nord des Etats-Unis) et devait se rendre à la raffinerie Irving, dans la province du Nouveau-Brunswick (est du Canada), en traversant le Maine (nord-est des Etats-Unis).

Au Canada, le transport de pétrole par rail a grimpé en flèche ces dernières années, passant de 500 wagons en 2009 à environ 140 000 prévus en 2013, selon les estimations du secteur. Aux Etats-Unis, ce nombre est passé de 9 500 en 2008 à 234 000 en 2012, chaque wagon contenant environ 714 barils de pétrole, selon l’Association américaine des chemins de fer.

AFP - 9 juillet 2013


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