A Tunis, « on ne baisse pas les bras »

« Le monde est Bardo » : c’est autour de ce slogan que se sont rassemblées plusieurs milliers de personnes à Tunis, dimanche matin, pour montrer leur détermination à combattre le terrorisme, dix jours après la tuerie perpétrée dans le célèbre musée. En tête du cortège, plusieurs personnalités politiques étrangères, venues apporter un soutien international à la Tunisie : le président français, François Hollande, le président du conseil italien, Matteo Renzi, ou encore le premier Ministre algérien, Abdelmalek Sellal, ont marché sur une centaine de mètres aux côtés du président tunisien Beji Caïd Essebsi. A l’entrée du musée, ils ont inauguré une stèle à la mémoire des 22 victimes, dont 21 touristes.

« Tunisie libre, dehors le terrorisme », ont scandé les manifestants. Une marche par moments silencieuse, souvent pleine d’énergie. Partis politiques, associations, organisations nationales… Les forces vives du pays se sont mobilisées pour faire le nombre. « Nous avons une société civile forte, éduquée. Le terrorisme ne passera pas », assène un avocat en robe, qui défile en ligne aux côtés de ses confrères. Houda, militante d’une organisation féminine, est venue tout spécialement de Kebili, tout au sud du pays, avec l’un des trois bus affrétés par la société civile locale. « Nos seules ressources, c’est l’agriculture et le tourisme », dit la jeune femme. « On est là pour soutenir notre pays et défendre l’un des piliers de son économie, le tourisme », renchérit Salah Matmati, qui marche derrière une banderole de l’association des guides de croisière. « C’est pas gagné, mais on ne baisse pas les bras. Il y a eu une campagne internationale de soutien à la Tunisie, ça nous donne du courage. »

Dans la foule, justement, plusieurs étrangers, certains résidents, d’autres venus tout spécialement. « C’est important pour nous d’être là, de montrer que les Français sont à leurs côtés », dit Abdel Ait Omar, adjoint au maire de Villeneuve-la-Garenne, dans les Hauts-de-Seine, ceint de son écharpe tricolore. « La Tunisie est un exemple dans le monde arabe, la démocratie est en train de s’y installer, il faut encourager ce pays. »

« Le monde doit voir que nous n’avons pas peur du terrorisme, nous sommes là pour montrer ce qu’est la Tunisie, un pays qui veut la paix », défend Abderrahmane Shemsi, 21 ans, chef scout, venu de Sousse avec tout un groupe. « On est là pour dénoncer cet acte qui ne nous représente pas, ni en tant que Tunisien, ni en tant qu’Arabe, ni en tant qu’être humain. Nous, les Tunisiens, sommes pour la liberté. Il fallait faire une réaction positive », expose Taoufik, venue avec sa femme et son jeune fils.

Du côté de la classe politique, l’heure est toujours à l’union nationale même si quelques voix, notamment à gauche, ont appelé à boycotter la marche, pour ne pas défiler aux côtés d’Ennahdha. Les islamistes sont en effet critiqués pour leur laxisme envers les jihadistes, du temps de leur passage au gouvernement. Mais les responsables politiques ont défilé en rangs unis : députés, chefs de partis, ministres du gouvernement de coalition.

Au moment où démarrait la marche, le chef du gouvernement, Habib Essid, a annoncé que les forces de sécurité avaient tué dans la nuit neuf personnes, lors d’une opération antiterroriste dans le sud. Y figure notamment, selon Essid, le chef de la brigade Oqba Ibn Nafaa, à laquelle les autorités attribuent la responsabilité de l’attentat du Bardo.

Source : liberation.fr
Auteur : Elodie Auffray
Date : 29 mars 2015


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