A Nice, le message de tolérance des familles de victimes de Merah

Tandis que le dialogue interreligieux est ouvert, la mère d’une victime de Mohamed Merah témoigne des difficultés rencontrées par les jeunes des cités

Émotion et dignité. Hier, à Nice, plusieurs centaines de personnes sont venues rencontrer et soutenir Latifa Ibn Ziaten, mère de la première des victimes du tueur de Toulouse. Si l’on ne devait retenir qu’une seule image de ce moment, ce serait celle de cette femme courageuse entourée par les représentants des cultes chrétien (catholique et protestant), juif et musulman, unis fraternellement pour affirmer « qu’on ne tue pas au nom d’une religion. Il nous faut apprendre à vivre ensemble, dans la paix ».

On était bien loin de la récente polémique politico-politicienne née des propos du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Celui-ci a estimé, dans un documentaire qui sera diffusé mercredi sur France 3, que des « défaillances » et des « erreurs » ont été commises par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) dans la surveillance de Merah. Des « dysfonctionnements »dans les services qui ont pu conduire à la mort de sept innocents, dont trois jeunes enfants.

« J’ai confiance dans l’État et dans les services de police, je ne veux pas parler de cette question », a tranché par vidéo M. Zandler, père et grand-père de quatre victimes abattues devant une école juive de Toulouse.

Même confiance dans la justice de la part de Mme Ziaten. « C’est seulement en soutenant et en éduquant les jeunes qui souffrent dans les cités que cette tragédie aurait pu être évitée », a-t-elle estimé.

Éviter la dérive des jeunes

Depuis un an, elle va à leur encontre, inlassablement. Dialoguer, expliquer, dénoncer les discours fallacieux au nom d’une religion détournée. C’est le combat qui la soutient. « Les jeunes souffrent énormément, et pas seulement les musulmans. Certains parents n’assument pas leurs responsabilités. Ces jeunes ont besoin d’être aidés, éduqués. Au lieu de ça, on les retrouve seuls la nuit dans la rue. Alors ils font du mal.

« Les cités, c’est terrible, on y est enfermé : il y a tout à l’intérieur, les écoles, les collèges, les pharmacies… Pas besoin d’en sortir, on y est oublié, comme en prison. Si on aide ces jeunes, on peut les récupérer. »

Comme Mme Ziaten, le rabbin Touboul a parlé de la nécessité de « la transmission et de l’éducation, qui seules peuvent conduire à la tolérance ». Le père Ruiz, vicaire épiscopal, a insisté sur la nécessité de lutter contre le racisme, tandis que l’imam Essaouri a assuré que l’islam de France « sera le rempart contre tout extrémisme. Nous serons main dans la main pour passer le flambeau de la tolérance à la jeunesse ».

Au nom des vingt associations qui se sont regroupées dans le collectif Ensemble respectons-nous, Me Joël Blumenkranz et Maurice Willikamen ont souhaité que cette initiative grandisse et soit imitée partout dans le pays.

AFP, nicematin.com, le 4 mars 2013


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