Crash de la Vèze : les familles des victimes dénoncent les lenteurs de l’instruction

Besançon. Ils viennent chaque 19 octobre se recueillir à Besançon, et « à chaque fois c’est plus dur ». Marylène et Bruno Ramus, Marie-Claire et Jean-Pierre Denué, sont désormais « liés à jamais » par l’accident d’avion qui a coûté la vie à leurs fils, un soir de 2006 à Vèze. Benjamin, interne au CHU avait 26 ans, Pierre Olivier, chef de clinique, 34 ans. Ils partaient à Amiens prélever d’urgence un foie pour une greffe. Le copilote Fabien Parot, 35 ans, présent seulement comme passager, et Barthélémy Maresma, le pilote de 48 ans qui n’avait pas les licences et qualifications requises pour l’avion, un Beechcraft 90 de la compagnie Lyonnaise Flowair, ont également trouvé la mort dans l’accident.

Aujourd’hui, ces parents brisés sont « ensemble », « unis » dans un combat qui leur pèse, entretien leur souffrance, les pousse à agir. Plus de 18 mois après avoir une rencontre avec le Juge d’Instruction, ils ne sont pas plus avancés. « Ce 23 mars 2009, nous avions retenu la détermination des magistrats de poursuivre des investigations approfondies », expliquent-ils. Depuis ; « aucun élément nouveau n’a été porté à notre connaissance », explique Bruno Ramus qui s’interroge : « pourquoi cette instruction est-elle au point mort, pourquoi le juge d’instruction ne communique-t-il pas ou ne souhaite-t-il pas communiquer ? Pourquoi des mises en examen ne sont pas prononcées ? »

« Nos avocats ont demandé la nomination d’experts et un complément d’enquête, des auditions de personnes ayant fait des dépositions contradictoires devant les gendarmes, le plan de vol n’est toujours pas dans le dossier ou alors nous n’en avons pas connaissance », ajoute M. Ramus qui prévient : « Si nous n’obtenons pas satisfaction, nous saisirons la chambre de l’instruction ». Il indique aussi qu’un procès devant le tribunal de commerce, entre l’assureur et la compagnie, est « gelé dans l’attente du procès de Besançon ». L’association que les familles ont constituée voudrait aussi une évolution légale : « que les missions de prélèvement d’organe soient considérées comme missions médicales avec la qualification vol sanitaire pour les pilotes, comme les pilotes d’hélicoptère des SAMU ».

Le bureau enquête analyse pour la sécurité de l’aviation civile avait conclu son rapport par deux recommandations à l’agence européenne de sécurité aérienne : « Elargir les conditions imposant la présence d’un équipage à deux pilotes et les conditions d’emport d’enregistreur de vol en transport public ».


Ils ont été deux juges d’instruction sur cette affaire, il n’y en a plus qu’un, Julien Retailleau. Comme nombre de ses confrères, il croule sous une centaine de dossiers dont une dizaine pour meurtre, une vingtaine pour viols… Il n’est pas comme son collègue, détaché trois ans sur l’affaire du crash du Concorde, laquelle ne connut que beaucoup plus tard un épilogue judiciaire.

Où en est le juge Retailleau ? Le pilote, dont la faute de pilotage paraît avérée, qui semble avoir présenté de faux documents, ne peut évidement pas être poursuivi puisqu’il est décédé. Les investigations du juge visent donc à établir l’éventuelle responsabilité de l’employeur du pilote, en particulier au moment de l’embauche. Une commission rogatoire avait d’ailleurs été lancée, et le patron de la compagnie Flowair (qui n’existe plus) placé en garde à vue. Les résultats de cette commission rogatoire avaient été communiqués au juge, et donc aux parties, en mai dernier.

On pourrait cependant s’acheminer vers la mise en examen de l’ancien patron de Flowair pour homicide involontaire avec lien indirect, ou son renvoi comme témoin assisté. Il pourrait à ce titre être entendu d’ici la fin de l’année par le juge.

D.B.

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